Analyse de l’état du marché mondial du photovoltaïque en 2025 et perspectives pour 2030
Selon les statistiques d'InfoLink, la capacité photovoltaïque mondiale installée devrait atteindre environ 486 GWac en 2024. Compte tenu de la répartition des capacités des projets dans les différentes régions, la demande mondiale de modules photovoltaïques atteindra environ 584 GWdc, soit une augmentation de 26 % par rapport à 2023. Cependant, comparé au taux de croissance annuel de plus de 60 % enregistré entre 2022 et 2023, la dynamique de croissance du marché s'est considérablement ralentie.
Commençons par examiner la performance du marché par région. En 2024, la région Asie-Pacifique devrait enregistrer une nouvelle capacité installée d'environ 333 GWac et une demande de modules de 391 GWdc, soit une hausse de 41 % par rapport à 2023, représentant 67 % du marché mondial. En 2025, la région devrait afficher une nouvelle capacité installée d'environ 315 à 355 GWac, correspondant à une demande de modules d'environ 367 à 410 GWdc. Cela représente un taux de croissance annuel compris entre 5 % et 6 %, et sa part de marché mondiale devrait légèrement diminuer pour s'établir à 63 %.
Région Asie-Pacifique
Comme le montre la figure 2, les cinq principaux marchés photovoltaïques de la région Asie-Pacifique en 2025 seront la Chine, l'Inde, le Pakistan, l'Australie et le Japon, la Chine représentant à elle seule environ 75 % de la demande du marché Asie-Pacifique. La part de marché mondiale de la région Asie-Pacifique devrait légèrement diminuer en 2025, principalement en raison des fluctuations du marché chinois. Sous l'effet des politiques mises en œuvre et du contexte prudent de la dernière année du 14e plan quinquennal, la capacité installée annuelle de la Chine devrait chuter à 255-275 GWac, correspondant à une demande de modules de 290-310 GWdc.
L'Inde, le deuxième marché mondial, devrait voir sa nouvelle capacité installée augmenter pour atteindre 30 à 37 GWac en 2025, avec une demande de modules de 37 à 46 GWdc, stimulée par les appels d'offres et les programmes de subventions gouvernementaux (la plupart des étapes politiques sont prévues pour 2026), ainsi que par les objectifs d'expansion de la capacité de production nationale de modules.
Europe
En 2024, l'Europe devrait enregistrer une nouvelle capacité installée de 72 GWac et une demande de modules de 80 GWdc, soit une hausse de 2 % par rapport à l'année précédente, représentant 14 % du total mondial. En 2025, la nouvelle capacité installée devrait atteindre 75 à 88 GWac, avec une demande de modules de 84 à 98 GWdc, soit une augmentation de 5 % à 22 % par rapport à l'année précédente, portant sa part à 15 %.
L'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, la France et la Pologne constituent les cinq principaux marchés européens, l'Allemagne représentant à elle seule 23 % de la demande européenne. Malgré un déficit budgétaire et un changement de chancelier (dont le successeur se montre prudent vis-à-vis des énergies renouvelables), l'Allemagne a annoncé un investissement de 100 milliards d'euros pour lutter contre le changement climatique, prévoyant une capacité supplémentaire de 18,5 à 20,5 GWac et une demande de modules de 20 à 23 GWdc.
Bien que d'autres pays européens soient confrontés à des contraintes de capacité du réseau, à des prix de l'électricité négatifs et à des retards dans les projets, ils s'efforcent activement de relever ces défis pour atteindre leurs objectifs d'installation pour 2030, et la demande devrait croître régulièrement.
Amériques
En 2024, les Amériques devraient voir 61 GWac de nouvelles capacités installées et une demande de modules de 71 GWc, soit une baisse de 7 % par rapport à l'année précédente, représentant 12 % du total mondial. En 2025, les nouvelles capacités devraient atteindre 53 à 70 GWac, avec une demande de modules de 69 à 83 GWc, soit une baisse de 3 % et une hausse de 16 % par rapport à l'année précédente, représentant 13 % du total mondial.
Les États-Unis, le Brésil, le Mexique, le Chili et la Colombie constituent les cinq principaux marchés, les États-Unis représentant à eux seuls 60 % de la demande américaine. En raison des politiques tarifaires de l'administration Trump, de l'incertitude qui plane sur la politique énergétique et des nouveaux droits de douane imposés à quatre pays d'Asie du Sud-Est, la hausse des coûts d'installation aux États-Unis pourrait freiner la demande. Les nouvelles installations devraient atteindre 30 à 41 GWac, tandis que la demande de modules devrait se situer entre 42 et 49 GWdc.
Au Brésil, la demande est sous pression en raison des taux d'intérêt élevés (atteignant 14,25 % en mars 2025), des difficultés de financement et de la suppression du droit de douane de 25 % sur les importations à compter de juillet. Les nouvelles installations devraient diminuer pour se situer entre 12,5 et 15 GWac, tandis que la demande de modules devrait atteindre 14,5 à 16,5 GWdc.
Moyen-Orient
En 2024, le Moyen-Orient enregistrera 14 GWac de nouvelles installations et une demande de modules de 34 GWdc, soit une hausse de 56 % par rapport à l'année précédente, représentant 6 % du total mondial. En 2025, les nouvelles installations devraient atteindre 17 à 25 GWac, tandis que la demande de modules devrait se situer entre 38 et 46 GWdc, soit une augmentation de 9 % à 33 % par rapport à l'année précédente, portant la part de la région à 7 %.
L’Arabie saoudite, la Turquie, les Émirats arabes unis, Oman et Israël figurent parmi les cinq premiers pays, l’Arabie saoudite représentant à elle seule 46 % de la demande au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite stimule la croissance du marché grâce à des partenariats sur des projets de grande envergure, avec une capacité installée nouvelle estimée entre 4 et 7 GWac et une demande de modules comprise entre 18 et 21 GWdc.
La Turquie, bénéficiant de subventions gouvernementales, d'approbations accélérées et d'une croissance planifiée, devrait ajouter 5 à 6 GWac de nouvelle capacité installée et 6 à 7 GWdc de demande de modules.
Afrique
En 2024, l'Afrique devrait ajouter 6 GWac de nouvelle capacité installée et 7 GWdc de demande de modules, soit une augmentation de 11 % par rapport à l'année précédente, représentant 1 % de la demande mondiale. En 2025, elle devrait ajouter entre 7 et 12 GWac de nouvelle capacité installée et entre 8 et 14 GWdc de demande de modules, soit une augmentation de 17 % à 95 % par rapport à l'année précédente, portant sa part à 2 %.
L’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte, la Tunisie et le Nigéria constituent les cinq principaux marchés, l’Afrique du Sud représentant à elle seule 20 % de la demande africaine. Malgré les défis liés au réseau et aux infrastructures, le système de compensation du comptage net en Afrique du Sud, adopté d’ici fin 2024, devrait stimuler la demande en photovoltaïque distribué, avec une capacité installée nouvelle estimée entre 1,5 et 2,5 GWac et une demande de modules comprise entre 1,6 et 2,8 GWdc.
Le Maroc attire les investissements étrangers grâce à des appels d'offres de grande envergure et à des réformes de son environnement des investissements, ce qui engendre une demande croissante de projets centralisés. Le pays devrait enregistrer une capacité installée de 1,2 à 2 GWac et une demande de modules de 1,4 à 2,4 GWc.
D’après les prévisions actuelles, la nouvelle capacité photovoltaïque mondiale devrait se situer entre 466 et 549 GWac en 2025, ce qui correspond à une demande de modules de 566 à 650 GWdc. Analyse de scénarios :
Scénario neutre : la demande du marché devrait diminuer d’environ 3 % par rapport à 2024 ;
Scénario optimiste : des taux de croissance allant jusqu’à 11 % sont possibles, avec un taux de croissance moyen d’environ 4 %.
Bien que le marché des modules entre dans une phase de maturité et que sa croissance ralentisse à partir de 2025, la demande globale devrait se maintenir, portée par le déploiement accéléré des énergies renouvelables et la poursuite des objectifs de neutralité carbone dans la plupart des pays du monde. D’ici 2030, la nouvelle capacité installée mondiale devrait atteindre 655 à 763 GWac, et la demande de modules devrait croître pour se situer entre 758 et 895 GWdc, devenant ainsi un moteur essentiel de la transition énergétique mondiale et de la lutte contre le changement climatique.
